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Rencontre avec Aïna Queiroz à l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes

08/03/2022

A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, Seqens met à l’honneur le parcours scientifique de femmes inspirantes qui travaillent dans le groupe. Rencontre avec Aïna Queiroz, Responsable innovation et communication scientifique chez SEQENS.

En quoi consiste le métier de Responsable innovation et communication scientifique ? 

Pour faire simple, mon travail consiste à piloter les projets de création et de développement de nouveaux actifs cosmétiques, jusqu’à leur déploiement sur le marché.  

Avant toute chose, nous définissons les territoires scientifiques que nous voulons explorer et qui nous seront propres. Ce sont nos plateformes d’innovation. Exposome, Neurosciences, Longévité, Biomimétisme, Ethologie sont nos moteurs quotidiens pour découvrir de nouvelles molécules d’origine naturelle grâce à ce procédé. Nous pouvons approfondir ces domaines de pointe en identifiant des partenaires scientifiques (chercheurs, experts) qui nous apporteront leur éclairage.  

Ensuite, nous explorons toutes les possibilités offertes par le monde vivant pour trouver de nouvelles plantes qui seront au cœur de nos prochains développements. Durant cette phase, mon rôle consiste à incarner la recherche avancée en réalisant directement des études de terrain : par exemple, j’ai la chance de rencontrer et d’interviewer des centenaires à travers le monde, dans des « zones bleues », pour découvrir les plantes qui font partie de leur alimentation depuis toujours – et qui pourraient contribuer à leur longévité – ainsi que leurs rituels pour se soigner. C’est ainsi que nous avons découvert des plantes aux molécules actives étonnantes au cœur de la biodiversité d’Okinawa (Japon), en Sardaigne et au Costa Rica.   

Après avoir identifié ces plantes, un groupe de femmes aux compétences complémentaires m’entoure quotidiennement pour que nous puissions donner forme à ces idées et progresser ensemble, du sourcing à la mise en évidence de l’efficacité biologique, en assurant le caractère durable à chaque étape : Julie, Cathy, Pauline, Marie-Alex, Cécile, Rand, Emeline, Darcy, Carine et Agathe, pour n’en citer que quelques-unes !  

Une fois que ce travail d’équipe a donné naissance à un principe actif plein de possibilités, mon rôle est de rendre ce projet de recherche visible et significatif à travers des conférences, des articles ou des posters scientifiques.  

As-tu toujours voulu travailler dans le domaine scientifique ? 

Dès mon plus jeune âge, j’étais fascinée par l’histoire des dinosaures et je pouvais passer des heures à observer des singes évoluer dans leur habitat. Mais pendant longtemps, j’ai aussi été perplexe face au manque de modèles féminins dans le domaine scientifique. Pourtant, après le célèbre exemple de Marie Curie (qui est rarement citée sans Pierre), les femmes de talent n’ont pas manqué tout au long de l’histoire des sciences. C’est après avoir lu un livre de l’éthologue Jane Goodall que s’est confirmé mon désir de devenir biologiste et d’étudier d’autres espèces vivantes que l’homme. 

Quelle formation as-tu suivie ? 

Après des études de biochimie, j’ai commencé ma carrière en tant que chercheuse universitaire en génétique et en biotechnologie végétale : j’ai fait mes premières explorations scientifiques à l’Institut des Sciences du Végétal, au sein du CNRS.  

Assez rapidement, j’ai ressenti l’envie de me challenger au sein du secteur de la recherche privée, de suivre le résultat de mes recherches à travers des applications. Cela m’a donné l’opportunité de développer mes premiers principes actifs pour les secteurs de la nutrition et de la cosmétique chez Solabia. En 2014, on m’a proposé un poste de responsable R&D au sein de l’entreprise ID bio, aujourd’hui connu sous le nom de Seqens Cosmetics, et pour laquelle je dirige actuellement la stratégie d’innovation et de communication scientifique. Au cours de ma carrière, je me suis également spécialisée en ethnobotanique (relations homme-plante) et en primatologie au Muséum national d’Histoire Naturelle de Paris pour mieux comprendre comment les animaux se soignent. 

As-tu des conseils à donner aux femmes/filles qui souhaitent rejoindre ce domaine d’activité ? 

Je les encourage à nourrir leur propre curiosité et leurs différentes passions tout au long de leur carrière !    

C’est souvent un point de différenciation de s’intéresser à d’autres sujets que celui sur lequel nous sommes professionnellement concentrés : cela entretient une ouverture d’esprit et on peut même parfois transférer sa passion dans son travail. Qui aurait pu dire que mon obsession pour les singes à 3 ans trouverait sa place dans le développement d’actifs cosmétiques 30 ans plus tard ?  

Conservez autant que possible l’enthousiasme qui vous pousse à vous passionner pour de nouveaux sujets et vous n’aurez jamais l’impression de faire des efforts en travaillant.  

Honnêtement, je rencontre régulièrement la nouvelle génération en enseignant à l’université et en participant à des initiatives qui font la promotion des femmes dans les sciences, et je ne me fais aucun souci: il y a encore tant de femmes talentueuses qui trouveront leur place ! 

Parle-nous d’un projet dont tu es fière

Le premier projet de recherche à grande échelle que nous avons lancé avec une petite équipe sur le site de Limoges consistait à trouver une ouverture pour les coproduits, des matières premières non utilisées par l’industrie alimentaire. C’est ainsi que nous nous sommes intéressés à la fleur de safran en partenariat avec une grande marque française de cosmétiques de luxe. Seuls les pistils, les filaments rouges que l’on trouve au milieu de la fleur, étaient récoltés pour l’épice, le reste était jeté par les safraniers ou utilisé en décoration éphémère.  

Nous avons mis en place un réseau local de producteurs de safran bio dans la région du Limousin et avons identifié des molécules particulièrement efficaces pour améliorer la fonction de barrière cutanée, diminuer l’inflammation et moduler certains récepteurs de la douleur comme le TRPV1. Cet actif a connu un tel succès que nous avons rapidement dû l’étendre et mobiliser tout un réseau d’agriculteurs en France, ravis de pouvoir tirer un revenu complémentaire de leur activité de culture du safran. Aujourd’hui, cet ingrédient est un best-seller utilisé dans un grand nombre de formules à travers le monde et nous sommes fiers d’imaginer que de nombreuses peaux sensibles sont apaisées grâce à ce projet de recherche durable.   

Conservez autant que possible l’enthousiasme qui vous pousse à vous passionner pour de nouveaux sujets et vous n’aurez jamais l’impression de faire des efforts en travaillant.

Aïna Queiroz